L'agriculture nourricière et l'entraide

Le Projet Kiwano

Une interview de François Fuchs à la Ferme du Planchat en Corrèze

Une interview sur l'entraide nourricière François Fuchs dans la forêt-jardin pour présenter l'entraide nourricière et le Projet Kiwano

Bonjour François, où sommes-nous ?

Bienvenue à la Ferme du Planchat, dans le Midi-Corrézien. Nous pourrions aussi l’appeler la Ferme des Kiwanos car nous en cultivons et c’est en quelque sorte ici qu’est né le Projet Kiwano pour l’entraide nourricière et les contours de ce que nous appelons l’agriculture nourricière.
Nous nous inspirons de l’agroécologie et de la permaculture, et de tout ce que nous voyons dans des exploitations agricoles et des microfermes avec cette orientation "diversifiée". L’objectif est de produire des fruits et légumes, de la viande de mouton, et être en mesure à moyen terme de commercialiser localement et à des prix abordables.

En quoi consiste le projet ici à la Ferme du Planchat ?

Une forêt-jardin en préparation. A partir d’un hectare en prairie de fond de vallée et d’un hectare en coteau boisé exposé plein Est, tout proche du village de Curemonte. C’est vrai qu’après plusieurs années je me sens encore comme un débutant et finalement ce que nous appelons « Ferme du Planchat » c’est un ensemble très modeste qui se construit petit à petit. Je pense à toutes celles et tous ceux qui veulent se lancer, qui se lancent, avec très peu de choses, et bien c’est déjà beaucoup, de toute façon il y a tellement à apprendre, il ne faut pas être trop pressé ni faire de complexe d’infériorité.

Comment c’est venu "l’entraide" ?

Je pense qu’au départ cela vient de mon expérience chez les Eclaireurs de France. Cela m’a fait entrer dans l’éducation populaire et les associations de solidarité. Tout reposait sur la transmission et les échanges de savoirs, de savoir-faire. Je t’apprends à allumer un feu et tu m’apprends à construire une table avec les moyens du bord, etc. C’était une sorte d’accorderie où l’on ne comptait pas notre temps. Ensuite c’est dans les groupes de développement agricole que j’ai vu l’entraide à l’œuvre, dans les CUMA et les cercles d’échanges par exemple. Plus récemment, au sein du CIVAM local, il y a eu des chantiers collectifs, du troc, du prêt de matériel, différents coups de mains. Quand on travaille dans l’agriculture il est forcément question d’entraide, à moins que l’on soit très isolé, isolement dont il faut absolument sortir.

L’agriculture c’est possible avec la nature ?

Pour moi et depuis mon enfance c’est très lié en tout cas ! Les périodes pendant lesquelles j’ai grandi ici c’était une alternance de travaux agricoles avec des paysans du village et des balades dans la campagne où j’allais de découverte en découverte. Je suis finalement devenu naturaliste et agronome. L’agroécologie et la permaculture c’est en grande partie cela : l’observation de l’écosystème (le milieu en général, le sol, la flore et la faune) et en tenir compte.

Le plus important pour réussir c’est quoi ?

L’observation. Petite surface pour produire veut dire bien connaître chaque mètre carré. Ensuite il y a beaucoup de choses qui se jouent à partir de ce que l’on observe chez les végétaux et les animaux. Et puis pour apprendre on croise nos observations avec celles des autres. S’inspirer des pratiques que l’on peut voir autour de nous cela a une importance mais rien ne vaudra le sens de l’observation pour adapter les choix et les gestes au contexte dans lequel on travaille.

Une "agriculture nourricière" ça veut dire quoi ?

Cela signifie que des conditions sont réunies pour produire de manière écologique des aliments de base, essentiels pour notre alimentation, et les fournir en état de fraîcheur à une population locale au fil des quatre saisons, à des prix accessibles. Dans un sens plus large on peut y inclure les activités qui permettent cette production en apportant des services utiles comme la production de plants et de graines, et des activités qui permettent de réunir toutes les bonnes conditions. Tout ce qui contribue aux qualités du milieu !

Quelle est la place de l’entraide en agriculture nourricière ?

Nous voyons l’entraide comme une pierre angulaire de cette agriculture nourricière. Déjà parce que cela nous semble être une condition sine qua none pour faire du lien, avancer dans son projet, mettre en place ses pratiques et avoir une activité viable et vivable.
Nous pensons qu’il faut miser sur les échanges d’informations et d’expériences, ainsi que sur les chantiers collectifs et l’entraide ponctuelle sous différentes formes : du troc, du prêt de matériel, des échanges de produits, du temps passé avec ou sans contrepartie. Le plus important pour nous c’est qu’au sein d’un collectif les différentes formes d’entraide contribuent à une économie collaborative et à l’économie circulaire, sans transactions en euros, mais en enregistrant et en comptant ce que l’on fait. Les activités d’entraide comptées en Kiwanos, la monnaie complémentaire que nous avons imaginée, pourront même être attestées après avoir été réalisées, l’objectif étant de valoriser les plus-values apportées par l’entraide. Précisons que ce sont les personnes qui se sont entendues puis entraidées qui pourront à leur niveau valoriser leur collaboration, mais aussi les collectifs associations structures en capacité de faire le bilan annuel de toute l’entraide réalisée.

Est-ce que les produits de l’agriculture nourricière seront plus chers ?

Dans le contexte actuel les produits de qualité commercialisés en circuits courts se caractérisent par un prix que l’on peut qualifier de juste parce qu’il permet une rémunération de l’effort fait. Les signes de qualité sont souvent au rendez-vous et il s’agit le plus souvent de marchés de niches. Certaines productions sourcées localement et issues de pratiques écologiques coïncident finalement avec le haut de gamme et le delta de prix peut les rendre inaccessibles à certains budgets contraints.
Nous nous sommes posés la question de ce delta : si une catégorie de consommateurs aux ressources modestes ne peut pas l’atteindre alors nous pensons qu’il peut être compensé par des coopérations bipartites ou tripartites dans lesquelles des formules d’entraide sans transactions financières peuvent entrer en jeu. En tout cas c’est ce que nous proposons d’expérimenter après la mise en place d’un outil polyvalent d’entraide que nous sommes en train de mettre au point dans le cadre du Projet Kiwano.

Nourricière ?
  • Ecologique
  • Econome
  • Diversifiée
  • Locale
  • Solidaire
  • Coopérative

Contactez l'équipe Kiwano

Nous répondons à vos demandes d'information sur l'entraide nourricière et toutes les dimensions du projet Kiwano

18 rue Joséphine Perrier

CUREMONTE

19500

France

  • Lundi 09:00 - 18:00
  • Mardi 09:00 - 18:00
  • Mercredi 09:00 - 18:00
  • Jeudi 09:00 - 18:00
  • Vendredi 09:00 - 18:00

A bientôt

Envoyez-nous un message